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mercredi

Québec, immigration MORATOIRE / Décanadianisation

Les défis de l’intégration des immigrants
Deux visions diamétralement opposées s’offrent aux immigrants qui débarquent au Québec
Maka Kotto
Le Devoir (opinions)

mercredi 26 janvier 2011



« Mon grand-père disait : "S’intégrer à une nouvelle culture, c’est comme lire un livre plusieurs fois. La première lecture, généralement, c’est pour se familiariser avec les personnages. À la deuxième lecture, on s’intéresse davantage à l’histoire. Mais après la troisième lecture, si on arrive à raconter cette histoire avec passion, c’est qu’elle est aussi devenue la nôtre et les personnages, des membres de notre propre famille." » — Boucar Diouf (un Sénégalais bien québécisé)
Pourquoi cette citation ? Pour parler des défis de l’intégration des immigrants au Québec et particulièrement à Montréal.

Aussi, il convient de poser une question très simple : quel genre de tissu social voulons-nous pour le Québec et pour Montréal dans dix ou vingt ans ? Pertinente question, car en matière d’intégration, deux visions diamétralement opposées s’offrent aux nouveaux arrivants qui débarquent au Québec.
La vision canadienne
Il y a la vision canadienne, celle mise en place par l’ancien premier ministre du Canada, Pierre Elliott Trudeau (Note: un traître pour les nationalistes québécois; il a envoyé l'armée au Québec en 1970 quand on a fait trop de bruit), qui repose sur l’idéologie du multiculturalisme et sur le bilinguisme. Le multiculturalisme à la canadienne, force est de le constater, nous mène tout droit à la ghettoïsation, à un communautarisme de repli où les cultures, plutôt que de se mélanger pour contribuer à l’édification d’une nation québécoise, viable et durable, se cloisonnent dans leur coin (Note: exemple le quartier chinois de Montréal). De cette perspective, nous sommes très loin de remplir les conditions d’une dynamique d’intégration effective... De plus, il ne saurait y avoir d’authentique coexistence au Québec sans ce souci constant de cohésion sociale qui nous permet, entre autres choses, d’anticiper les dérives et les dérapages sectaires ou idéologiques.
Le bilinguisme, pour sa part, qui est la politique officielle du Canada, envoie le signal d’un pays où il n’est pas nécessaire de parler français. Entre autres exemples, il semble qu’il soit souvent impossible de recevoir des services en français à la Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada, un organisme fédéral situé sur le boulevard René-Lévesque Ouest, à Montréal. Pour les nouveaux arrivants au Québec, le message est très clair...  Cette vision canadienne, voire cette distorsion, va complètement à l’encontre de toute idée d’intégration au sein de la nation québécoise.

La vision québécoise
La vision québécoise quant à elle, est fondée sur l’interculturalisme, la prédominance du français et le partage de valeurs communes.
Nous partons du principe que la diversité culturelle est souhaitable, qu’elle vient enrichir la société québécoise. Les immigrants ne sont pas encouragés à demeurer à part, mais plutôt à se joindre à la nation québécoise. Nous pourrions résumer cette politique d’intégration en nous référant au slogan de l’humoriste d’origine sénégalaise Boucar Diouf : « Vive le Québec métissé serré ! » (Note: allusion à l'expression de "Québécois pure laine tissé serré")

La prédominance du français est au Québec, un facteur majeur d’intégration, la porte d’entrée de la culture québécoise, du travail et du dialogue interculturel.
Et finalement il y a les valeurs fondamentales que les nouveaux arrivants se doivent d’adopter, entre autres l’égalité entre les femmes et les hommes, la primauté de la langue française comme langue commune et de convergence, la séparation de la religion et de l’État, la recherche d’une meilleure justice sociale et la culture québécoise, partie intégrante de cette volonté d’affirmation de notre modernité.
Voilà, il me semble, une vision d’avenir valable pour le Québec : un pays francophone, métissé serré, dont les citoyens partagent les valeurs fondamentales.
Ainsi, pour s’attaquer aux obstacles de l’intégration, notamment en abrogeant l’approche multiculturaliste, je cautionne l’idée d’abolir le vocable « communautés culturelles », car il renforce les stéréotypes et nuit au « vivre-ensemble ». Vivement une approche citoyenne qui définisse clairement chaque personne ayant fait le choix du Québec comme citoyen à part entière de la communauté québécoise !
Par ailleurs, je joins ma voix à celles qui soutiennent l’idée qu’il est grandement temps d’adopter une charte québécoise de la laïcité qui définisse les balises qui nous permettront de vivre ensemble harmonieusement et de construire, au-delà de nos différences, une société égalitaire et inclusive. (Note: Il faut aussi ajouter une Constitution québécoise, car en 1982 le Canada a adopté sa Constitution, mais sans l'accord du Québec qui représente pourtant 23% de la population canadienne et 30% de son PIB. Voir "La nuit des longs couteaux").


Les répercussions concrètes
Il y a donc une ligne de fracture très nette entre la vision canadienne de la citoyenneté et celle du Québec. Et cela a des conséquences très concrètes. D’abord, toutes ces brèches faites à la Loi 101 (Note: protégeant la culture francophone au Québec) au nom de la Constitution canadienne et le laxisme du gouvernement libéral à Québec ont des effets très évidents sur l’île de Montréal, où le français recule.
Il devient de plus en plus pressant de renverser la vapeur pour redonner au français son statut de seule langue publique commune au Québec.
En matière de valeurs communes, les tenants du communautarisme, ceux par exemple qui militent contre la laïcité, fondent leur argumentation sur la Charte et la Constitution canadienne, où le multiculturalisme est inscrit comme doctrine d’État.
Nous devrons donc envoyer un signal fort, et le projet de Charte de la laïcité du Parti québécois prend là tout son sens. Et si celle-ci est contestée au nom de la Charte ou de la Constitution canadienne, les Québécois devront en prendre acte.
D’autres exemples des effets néfastes du multiculturalisme canadien sont facilement identifiables : le profilage racial, entre autres, ne peut prospérer qu’à partir du moment où les gens ne se perçoivent pas comme faisant partie de la même nation, qu’ils ont l’impression de ne pas partager les mêmes valeurs ou la même culture. L’idéologie du multiculturalisme contribue au profilage racial en matière de sécurité, d’emploi, d’habitation.
Tout ça est très malsain pour notre tissu social et je ne crois pas que ce soit cet avenir-là que nous souhaitions pour Montréal et pour le Québec.
Nous avons par conséquent d’importants chantiers devant nous pour réussir l’intégration harmonieuse des immigrants au Québec : la prédominance du français, l’adhésion aux valeurs communes et la mise en place d’une politique de citoyenneté fondée sur le vivre-ensemble. [...]
***
Maka Kotto - Député de Bourget pour le Parti Québécois et porte-parole de l’Opposition en matière de communautés culturelles
Source



LA DÉCANADIANISATION DU QUÉBEC S'ACCÉLÈRE
(bien fait pour leur gueule)
L’identité québécoise est majoritaire dans la totalité de l’opinion québécoise (et pas seulement francophone) depuis maintenant six ans.
Vous avez déjà vu le Courant-Jet? Non? Normal. Vous ne voyez que la pluie et le beau temps. Il est l'une des variables structurelles du temps qu’il fait. Il y a un Courant-Jet de la souveraineté du Québec. Un mouvement sous-jacent qui en détermine, de loin, l’évolution. On ne le voit pas dans les évolutions conjoncturelles de l’intention de vote souverainiste. Il travaille en profondeur. Dans l’évolution de l’identité québécoise.
En bref, plus les Québécois se définissent comme “Québécois” plutôt que “Canadiens”, plus ils seront nombreux à appuyer la souveraineté lors d’un référendum.  
En 1980, moins de 40% des Québécois se disaient “Québécois d’abord” — ils furent 40% à voter Oui. En 1995, on comptait 50% de “Québécois d’abord”. Résultat référendaire : 50%
Or ce mouvement, dont je vous ai déjà parlé ici, s’accélère. Selon des données publiées dans la Gazette et passées complètement inaperçues dans les médias francophones, l’identité québécoise a atteint, en novembre 2010, un niveau historique de 60% !  Le sondage Léger réalisé pour le compte de Jack Jedwab de l’Association des études canadiennes atteste de cette montée et confirme une tendance visible depuis plus de dix ans.
Voici un tableau composé des sondages CROP sur une question quasi-identique de 1998 à avril 2009 et des sondages Léger/Jedwab de janvier 2009, septembre et décembre 2010 :

En rouge : les répondants qui se disent seulement Canadiens ou Canadiens d’abord.
En jaune, ceux qui se disent également Canadiens et Québécois.
En bleu : ceux qui se disent seulement Québécois ou Québécois d’abord.
Ce tableau appelle plusieurs remarques.
D’abord, il indique que la barre des 50% a été franchie en 2004, à la fois dans la série CROP et la série Léger. Donc l’identité québécoise est majoritaire dans la totalité de l’opinion québécoise (et pas seulement francophone) depuis maintenant six ans.
Ensuite, il reste 20% de répondants qui disent avoir les deux identités également. Or la question “égal” n’apparaitra pas dans un référendum sur la souveraineté. Il est donc certain qu’une proportion non-nulle de ces 20% se reportera, lors d’un choix forcé, du côté de l’identité québécoise.
Évidemment, si on se concentre seulement sur les francophones, le tableau est encore plus frappant :
1% se disent Canadiens seulement
7% se disent Canadiens d’abord
20% se disent Également Canadiens et Québécois
40% se disent Québécois d’abord
31% se disent Québécois seulement
“La réalité, a dit Jedwab à la Gazette, est que 31 % des Québécois francophones se considèrent comme Québécois seulement. Pour moi, il s’agit d’une minorité signifiante qui éprouve un très fort sentiment de détachement envers le Canada.”
La situation est également plus nette lorsqu’on décompose par groupe d’âge. Alors, commente Jedwab, “ce qui m’inquiète est que la totalité des groupes de moins de 65 ans se sentent très détachés du Canada”. Jack est, comme chacun le sait, un fédéraliste convaincu. Il a de bonnes raisons d’être inquiet. (Et je le remercie d’avoir partagé ses données avec moi.)
Demain : les jeunes québécois et l’identité québécoise
Source

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