Rechercher dans ce blog

mardi

Savoir juger, c'est nécessaire, pas interdit!

Quand le jugement fout le camp (J. Grand’Maison)
EXTRAITS adaptés et résumés, dans l’ordre du livre (sauf p. 50 et 183). 

Informations sur Jacques Grand’Maison :   Premier lien Wikipédia  Deuxième lien
 
Après l'émancipation d'une société traditionnelle stricte et très régulée, nous avons valorisé l'autonomie et la liberté. Cela appelait forcément une plus grande capacité de bien juger. Comment se fait-il que cette question soit éclipsée ?  

Une nouvelle cote d'alerte surgit ici : celle d'une conception de la tolérance qui commande de ne jamais juger, au point de justifier la passivité ou la démission devant l'intolérable. Quant au jugement sur soi, il est devenu tabou, ça sent trop la morale !  Or le souci de ne pas juger les personnes ne doit pas interdire le jugement des comportements (p 9-10).  Notre culture narcissique interdit tout jugement sur soi, parce que c'est culpabilisant, et qu’il faut s'aimer tel qu'on est sans aucune autre mesure pour s'évaluer. Pourtant, quand il n'y a plus rien de plus grand que soi, il n'y a plus aucun jugement possible. P 39

Heureusement, on commence à se rendre compte de cette automystification; le cumul des illogismes finit par déclencher un sursaut de conscience.

La psychanalyse nous éclaire sur le drame des cultures en mutation : lorsque les institutions qui ont balisé la formation des identités s'érodent sous la pression des changements, le Moi perd ses repères dans une quête effrénée de lui-même et cherche à se rassurer en s'immergeant dans des idéologies totalisantes (la consommation par exemple). C'est ce qui semble s'être produit chez nous depuis les trente dernières années avec ce cortège de tendances régressives telles que l'indifférenciation, la toute-puissance, la recherche d'une béatitude sans faille et le rejet de toute forme de médiation.
L'idéologie du changement pour le changement s'est traduite en une conception du changement comme un commencement absolu, totalement inédit, qui s'est accompagnée d'un refus de transmettre. On entend souvent de nos jours : « On ne sait plus quoi transmettre », et « On ne comprend plus ce qui se passe. » Peut-on exprimer plus simplement la déculturation du sens ?          P 82-83

Je n'oublierai jamais l'intervention d'une Vietnamienne  l'université, à qui j’avais demandé d'expliquer sa pensée dans un de ses travaux. En voici un extrait.
« Ce qui me frappe particulièrement dans le monde de l'éducation, c'est que vous ne savez plus quoi transmettre. Pire encore, la moindre transmission d'un quelconque sens vous apparaît comme une imposition à l'autre. Chacun doit alors s'autoéduquer, s'inventer sans conscience historique. Nous, les immigrants, on ne sait plus à quoi s'intégrer, au-delà de la langue. Une langue que vous massacrez à qui mieux mieux. Je suis de tradition bouddhiste, mais j’ai aussi découvert les immenses ressources de la tradition judéo-chrétienne multimillénaire enrichie des très nombreuses cultures de son histoire. Et je vous vois l'écarter avec un simplisme navrant, au point que vous n'y trouvez rien de bon à transmettre aux générations qui vous suivent. » p 86

Le vieil ordre moral était fondé sur la Loi de la Religion ou de la Raison. Nous sommes passés à l'autre extrême : le « vécu » ne supporte que ses reflets dans des miroirs de conformités qui le confortent ou que dans des autopermissivités sans distance sur soi (il faut « s'éclater »). En conséquence, on demande de plus en plus à l'État et à la Justice de corriger les effets négatifs des libertés folles, surtout celles des autres qui dérangent la nôtre.           P 125 et 131

Toujours le DROIT pour défendre sa liberté, et la LOI pour renvoyer les responsabilités aux autres. Deux justices parallèles qui bloquent tout exercice de jugement et défont la réciprocité des libertés et des responsabilités.
 
Certains parlent de vide spirituel, d'autres de quête de sens et plusieurs de crise des valeurs. Toutes ces petites démissions devant la vulgarité, la crétinisation de notre langue, de notre style d'humour, de nos idoles, de nos personnages de téléromans, de nos rapports à la politique, à la religion et à notre propre histoire en abordant les choses par le plus bas et le plus vil. Pouvons-nous y voir un lien avec nos championnats de suicides, de dénatalité, de décrochage scolaire, d'inefficacité institutionnelle, d'indécision politique ? Quand le sacré est tellement refoulé, il rebondit dans des peurs incontrôlées et des fausses consciences moralisatrices qui s'ignorent. P 191-193

Pour obtenir mon résumé complet du livre de Grand'Maison (10 pages Word) veuillez me fournir votre adresse courriel.

2 commentaires:

  1. réconfortant de vous lire. Dommage que ce livre soit indisponible. Je ressens ici en France le même sentiment depuis quelques années. Pire, mes 2 enfants de 15 et 18 aussi ressentent cela face à leur "congenères"...
    Mais, si vous le pouvez, lisez La ponérologie politique : Etude de la genèse du mal, appliqué à des fins politiques (Broché)
    de Andrew M. Lobaczewski
    sans vouloir vous mettre le moral à plat, là clé est là. Lucidité plus que jamais . Pilule rouge
    Tres cordialement

    RépondreSupprimer
  2. Andrew,
    Le texte du livre se trouve gratuitement sur internet, cherchez avec le nom de l'auteur.
    Ou contactez l'éditeur: Fides, à Montréal.
    Ou écrivez-moi à kevin2108@hotmail.com je vous l'enverrai par courriel.

    Pilule

    RépondreSupprimer

Merci d'ajouter votre commentaire!
Prière de respecter le sujet abordé, de vous nommer, et de rester concis. PS: Si vous m'envoyez un courriel, inscrire dans l'objet: "À Éric, de (votre nom)"
Votre commentaire doit être approuvé, cela peut prendre de 1 heure à quelques jours. Merci!