Je ne suis pas psychiatre comme le fut jadis Camille Laurin
le célèbre anglopologue, mais j’ai toujours trouvé nos Anglos un peu fous – avec
de notables exceptions bien sûr. Pas fous à lier comme ce monstre Richard
Bain (voir plus bas), mais seulement atteints d’une sorte de trouble parano-obsessif
qui se déclenche dès qu’il est question du Québec.
Quiconque s’est déjà retrouvé par mégarde dans une
discussion politique avec des anglophones du Québec ou du Canada le sait :
peu importe le contexte, cela prend en moyenne cinq secondes avant qu’il ne
soit question des séparatistes, dix autres pour parler de la loi 101 et rendu à
la trentième seconde de cette passionnante discussion, il sera inévitablement
question des bons mots de Jacques Parizeau sur l’argent et les votes ethniques
(essentiellement).
La rengaine est
éprouvée : «sauf exception, les Québécois en général – et les
séparatistes en particulier – sont des chauvins racistes xénophobes qui
cultivent leur ignorance en se privant de la richesse économique et culturelle
inestimable qu’apportent la langue anglaise en général et les Anglophones en
particulier.
Ces provinciaux «incultes et bègues», enfants gâtés geignards, oppresseurs de Westmountais
et tortionnaires d’immigrants investisseurs, préfèreraient vivre dans un Québec
arriéré et ruiné, transformé en une version joualisée du 3e Reich au lieu d’apprécier comme tout le
monde les bienfaits du multiculturalisme canadien, la plus formidable invention
depuis celle de la démocratie athénienne.»
Bien sûr, le ton et la manière peuvent varier. Mais on préfère
encore la variante sarcastique d’un Josh Freed, l'approche narquoise d’un Sugar Sammy ou celle, candide, d’Anne
Lagacé-Dowson… au ton méprisant, hargneux et insultant des lignes ouvertes,
des éditorialistes et autres commentateurs de la presse anglophone et des
réseaux sociaux.
J’ai vécu suffisamment longtemps à l’ouest de la
Côte-des-Neiges pour savoir qu’il n’y a que deux issues possibles à ces discussions :
acquiescer ou changer de sujet. Quand je suis devenu désillusionné sur la
possibilité de trouver un terrain d’entente et trouvant indigne d’être
soupçonné de sympathiser avec le Klu Klux Klan, j’ai opté il y a longtemps pour
la seconde option. De toute façon, tout le monde est d'accord, nous avons
certainement plein d’autres choses à nous conter.
Oui, oui, "les Québécois francophones de souche
d’origine pure laine" (descendants plus ou moins directs des premiers
Français d'Amérique du nord) peuvent eux aussi dire des bêtises, avoir leurs
préjugés et être réellement racistes. Bien sûr que chaque bande a ses clowns,
mais jamais avec ce même zèle, cette obsession et cette quasi-unanimité qui
caractérise l’opinion publique anglophone.
Il faut chercher très fort pour trouver des défenseurs
sincères, même modérés, de la loi 101 dans les pages de la Gazette ou dans les
Starbucks du West-Island. Alors qu’il suffit d’ouvrir n’importe quelle
publication en français, du Journal du Montréal au Voir en passant par la
Presse et Urbania pour trouver des Québécois profondément
désolés de l’être et en rajouter.
Ce n’est pas agréable à souligner, I know. Vous préférez ne
voir que les efforts de rapprochement (louables) des deux solitudes comme celui
tenté par La Presse qui nous apprenait que le tireur du Métropolis (Richard
Bain) est en fait «un amoureux du Canada à l’âme troublée».
Comme il était fascinant de découvrir que l’homme qui a
impitoyablement abattu un technicien de scène et a passé près d’assassiner avec
un AK-44 la première ministre du Québec (ainsi que plusieurs de mes amis), est au fond, si on regarde de plus près,
«un gentil voisin, amateur de kilts écossais, et un grand admirateur de Céline
Dion». Un peu plus et on nous vantait son ouverture à la culture québécoise et
ses efforts exemplaires de s’exprimer en français.
Cessons donc de rajouter à cette victimisation et à cette
auto-flagellation tellement contre-productive. Et espérons qu’avec cet
évènement nous réaliserons enfin que si l’angélisme et l’idéalisme peuvent être
garants d’harmonie et de rapprochements dans un camp de yoga des Laurentides, dans
la réalité, si on veut faire coexister, dans le respect, Anglos et Francos au
Québec, il faudrait commencer par respirer par le nez, alléger l’atmosphère et
reconnaître – sans juger – les insécurités légitimes de l’Autre…
En tout cas, dans l’état actuel des choses, on serait tous
fous de ne pas essayer.
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