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mercredi

Ils sont fous ces Anglos-Québécois (post-Richard Bain, assassin)




Akos Verboczy, Métro, 14 septembre 2012

Je ne suis pas psychiatre comme le fut jadis Camille Laurin le célèbre anglopologue, mais j’ai toujours trouvé nos Anglos un peu fous – avec de notables exceptions bien sûr. Pas fous à lier comme ce monstre Richard Bain (voir plus bas), mais seulement atteints d’une sorte de trouble parano-obsessif qui se déclenche dès qu’il est question du Québec.

Quiconque s’est déjà retrouvé par mégarde dans une discussion politique avec des anglophones du Québec ou du Canada le sait : peu importe le contexte, cela prend en moyenne cinq secondes avant qu’il ne soit question des séparatistes, dix autres pour parler de la loi 101 et rendu à la trentième seconde de cette passionnante discussion, il sera inévitablement question des bons mots de Jacques Parizeau sur l’argent et les votes ethniques (essentiellement).

La rengaine est éprouvée : «sauf exception, les Québécois en général – et les séparatistes en particulier – sont des chauvins racistes xénophobes qui cultivent leur ignorance en se privant de la richesse économique et culturelle inestimable qu’apportent la langue anglaise en général et les Anglophones en particulier.

Ces provinciaux «incultes et  bègues», enfants gâtés geignards, oppresseurs de Westmountais et tortionnaires d’immigrants investisseurs, préfèreraient vivre dans un Québec arriéré et ruiné, transformé en une version joualisée du 3e Reich au lieu d’apprécier comme tout le monde les bienfaits du multiculturalisme canadien, la plus formidable invention depuis celle de la démocratie athénienne.»

Bien sûr, le ton et la manière peuvent varier. Mais on préfère encore la variante sarcastique d’un Josh Freed, l'approche narquoise d’un Sugar Sammy ou celle, candide, d’Anne Lagacé-Dowson… au ton méprisant, hargneux et insultant des lignes ouvertes, des éditorialistes et autres commentateurs de la presse anglophone et des réseaux sociaux.

J’ai vécu suffisamment longtemps à l’ouest de la Côte-des-Neiges pour savoir qu’il n’y a que deux issues possibles à ces discussions : acquiescer ou changer de sujet. Quand je suis devenu désillusionné sur la possibilité de trouver un terrain d’entente et trouvant indigne d’être soupçonné de sympathiser avec le Klu Klux Klan, j’ai opté il y a longtemps pour la seconde option. De toute façon, tout le monde est d'accord, nous avons certainement plein d’autres choses à nous conter.

Oui, oui, "les Québécois francophones de souche d’origine pure laine" (descendants plus ou moins directs des premiers Français d'Amérique du nord) peuvent eux aussi dire des bêtises, avoir leurs préjugés et être réellement racistes. Bien sûr que chaque bande a ses clowns, mais jamais avec ce même zèle, cette obsession et cette quasi-unanimité qui caractérise l’opinion publique anglophone.

Il faut chercher très fort pour trouver des défenseurs sincères, même modérés, de la loi 101 dans les pages de la Gazette ou dans les Starbucks du West-Island. Alors qu’il suffit d’ouvrir n’importe quelle publication en français, du Journal du Montréal au Voir en passant par la Presse et Urbania pour trouver des Québécois profondément désolés de l’être et en rajouter.

Ce n’est pas agréable à souligner, I know. Vous préférez ne voir que les efforts de rapprochement (louables) des deux solitudes comme celui tenté par La Presse qui nous apprenait que le tireur du Métropolis (Richard Bain) est en fait «un amoureux du Canada à l’âme troublée».  

Comme il était fascinant de découvrir que l’homme qui a impitoyablement abattu un technicien de scène et a passé près d’assassiner avec un AK-44 la première ministre du Québec (ainsi que plusieurs de mes amis), est au fond, si on regarde de plus près, «un gentil voisin, amateur de kilts écossais, et un grand admirateur de Céline Dion». Un peu plus et on nous vantait son ouverture à la culture québécoise et ses efforts exemplaires de s’exprimer en français.

Cessons donc de rajouter à cette victimisation et à cette auto-flagellation tellement contre-productive. Et espérons qu’avec cet évènement nous réaliserons enfin que si l’angélisme et l’idéalisme peuvent être garants d’harmonie et de rapprochements dans un camp de yoga des Laurentides, dans la réalité, si on veut faire coexister, dans le respect, Anglos et Francos au Québec, il faudrait commencer par respirer par le nez, alléger l’atmosphère et reconnaître – sans juger – les insécurités légitimes de l’Autre…
En tout cas, dans l’état actuel des choses, on serait tous fous de ne pas essayer.
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