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vendredi

Les riches, ils servent à quoi?


   Adapté du Monde Diplomatique de ce mois-ci:    

LE PETIT MONDE DES GRANDES FORTUNES

Une croissance à faire rêver les gouvernements : 8,3 %. C'est
l'augmentation du
nombre de millionnaires en
2006. Les milliardaires ne sont pas en reste :
le magazine « Forbes » en recensait 209 en 1998 ;
il en
compte 1 125 aujourd'hui
.
Et on "prouve" que la mondialisation ne
profite pas qu'aux Occidentaux en parlant du triomphe de la

« diversité » des riches: quatre des huit personnes les plus
riches de la planète sont indiennes ; et des nababs
russes,
turcs, polonais et brésiliens s'ajoutent à un palmarès toujours dominé par les Américains.
Ils édifient des musées, signent des chèques aux artistes
maudits, vaccinent les enfants africains, secourent la
veuve
et l'orphelin : qui douterait de l'utilité sociale des riches? Leur belle philanthropie est utile pour légitimer leur
mainmise sur les affaires du monde et
justifier un rapport de forces qui, depuis trois décennies, penche toujours
plus lourdement en faveur des détenteurs du
capital. D’après une étude publiée fin mars par le cabinet de
conseil Oliver Wyman, la fortune cumulée des
millionnaires de la planète s’élèverait à 50 000 milliards de
dollars
.
C’est trois fois et demi le produit intérieur brut américain et cinquantefois le montant des pertes
occasionnées par la crise financière
ouverte en 2007 et décrite comme la plus grave depuis 1929.

Ce sont eux qui imposent bas salaires et chômage,
générateurs de division des populations entre elles.
Ce sont eux qui décident d'investir ici, de restructurer là, de spéculer sur le prix du blé quand la
Bourse
rapporte moins - sans trop se soucier des salariés et
des famines. Ce sont eux qui accaparent les centres-villes
dont ils chassent les habitants non solvables. Ce sont eux qui promeuvent un mode de
consommation
préjudiciable à l'environnement. Sans parler de leur intervention dans les affaires publiques,
singulièrement lors des
campagnes électorales.


Leur fortune croît grâce à l'Etat, quand la puissance publique solde
ses avoirs au privé et déréglemente la finance.
Elle prospère enfin quand droite et gauche
s'accordent pour laisser aux forces du marché le soin d'organiser la
répartition des richesses
.

Dans nombre de
pays occidentaux, la part des salaires dans le produit national s'est effondrée depuis la fin des
années 1970.
Simultanément, la tranche supérieure d'imposition sur les revenus était divisée par deux, parfois par
trois.
À leurs yeux, le monde se divise en deux camps : une vaste classe moyenne et le petit club des immenses
fortunes, auquel ils rêvent d’accéder.
Dans leur représentation,
les pauvres n’existent pas. « Si vous
convainquez tout le monde qu’ils appartiennent à la classe moyenne,
note Walter Benn Michaels,
alors vous avez accompli un tour de magie : redistribuer la richesse sans vraiment transférer d’argent
. »

La recette de l’inégalité socialement soutenable.


* Pierre Rimbert

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